Non Belle n’est pas le plus beau film d’animation de l’année 2021. Il n’est pas, malgré ses couleurs chatoyantes, un éclatement continuel de la rétine, ni même digne d’une réflexion humaniste sidérante. Au contraire même, il est truffé de défauts, d’une fainéantise scénaristique à s’en claquer le front et pourtant…
De ces musiques auxquelles on revient encore et encore, le coeur frissonnant. Une histoire qui se pare de noeuds, pour se donner des airs faussement complexes : une jeune fille un peu timide, bridée par un deuil, des taches de rousseur pas très jolies, la voix coincée dans le fond de la gorge, se révèle finalement au travers d’une application, dans laquelle elle revêt l’apparence féérique d’une Bell (clochette) aux longs cheveux roses dont le chant prend une ampleur viscérale dans le monde numérique.
Belle joue sur plusieurs aspects : c’est d’abord la réécriture de la Belle et la Bête. Le film aurait mieux fait de rester là-dessus, plutôt que de s’alourdir en voulant absolument parler de la gestion du deuil, d’une pseudo-critique du numérique ou pire de la violence qui peut exister dans la cellule familiale. Il ne parvient pas non plus à équilibrer ce sérieux avec son lot de personnages rigolos : la meilleure amie ou les femmes de la chorale, lesquelles deviennent d’autant moins crédibles dans la monté crescendo de l’histoire…
Mais malgré ces aspérités, ce film reste touchant. Sa scène d’ouverture avec l’exposition de l’application paraît longue, mais fait lentement grimper la tension avant l’éclatement incroyable du thème musical du film. L’image de rêve qui nous est proposée marche à merveille. On oubliera difficilement la première apparition de Belle, debout sur une baleine gigantesque, dans sa robe rouge et qui de ses bras écartés explose l’image en fleurs colorées. C’est une trouvaille succulente qui saura faire germer quelques paillettes dans les yeux… Et si le film joue - selon moi, un peu trop sur le fanservice d’une Luka Megurine des Vocaloid, il faut croire que la sauce prend malgré tout.
Alors oui, Kirei, Kirei* ! (*joli, beau)
Kirei Kirei aussi le personnage de la Bête dans son étrange costume. Son chara-design est intéressant bien que s’achevant dans un pétard mouillé qu’on devine à des kilomètres à la ronde.
Mais c’est peut-être en ça que le film reste en tête ? Ses ratés sont les promesses d’un quelque chose qui aurait pu être encore plus fou. Si fou qu’on en sort avec l’envie que ça se soit passé autrement… Est-ce une bonne raison pour applaudir le film ? Peut-être pas, mais vous les connaissez, les fervents défenseurs d’un film imparfait. Ils lui trouveront toujours des qualités, même dans ses pires défauts. C’est comme avec un bébé moche. Tant que c’est le sien…
[Belle de Mamoru Hosoda, sorti le 29/12/2021]
Tck.