Une caméra posée au milieu d’un bois, et voilà toute la montagne qui prend des airs de confessionnal à ciel ouvert. L’oreille attentive devient celle de la nature et de ceux qui, bon gré mal gré, nous accompagnent. Mais pour ceux qui ont déjà goûté aux joies de la randonnée, il est évident que la parole diminue rapidement, et que chacun finit par se replier en soi-même. La marche devient alors un acte ascétique, de souffle, de sueur, d’observation des limaces, et l’on se dit que les choses simples sont pleines de mystère et que mon dieu oui, les pâtes lyophilisées sont incroyables.
En surface, Good One est un film très simple, presque sobre, avec des plans capturant ici et là des fragments de nature de manière presque anecdotique. Très vite, il devient évident que la montagne est un prétexte pour créer un huis clos où évolue un trio mal assorti : un père (Matt) qui entretient un dialogue quasi inexistant avec sa fille (Sam), une adolescente mutique, et un ami du père (Chris), un homme en instance de divorce, en pleine crise existentielle.
Porté par de rares dialogues et une multitude de non-dits, Good One tient ses personnages sur le fil du rasoir. Du début à la fin, nous sommes dans l’attente d’une explosion, d’un dérapage. Aucune phrase n’est laissée au hasard ici. Tout est construit pour nous offrir, avec très peu d’éléments, la possibilité de dresser le portrait des trois protagonistes.
Cependant, malgré ses décors et ce théâtre à trois voix, Good One n’a rien d’un long-métrage poétique comme on aime parfois qualifier les œuvres que l’on ne saisit pas entièrement. Il y a quelque chose de trop âcre, de trop sombre dans ses sous-entendus. En dévoilant les failles de chacun, le film s’approche de la satire sociale, une satire qui se révèle uniquement à un regard patient.
Et se proposant d’être plus proche de Sam, c’est peu à peu son regard à elle que la caméra épouse, allant jusqu’à nous faire ressentir son malaise et cette oscillation déjà contenu dans le titre "good one" qui signifie bien vu/bien joué. Trait d'humour et rire jaune pour elle et nous, que le générique de fin (ci-dessous) viendra marteler une dernière fois, tenant en quelques paroles toute la solitude de Sam...
[Good One, d'India Donaldson, 2024]
Tck.